Sucre hors la loi

Dans la lutte contre le surpoids et le diabète, le sucre des boissons est une cible de choix. Le champ de bataille se déplace de pays en pays, des Etats-Unis à Mayotte.

Pourquoi s’en prendre aux sodas et pas aux cookies? Parce que les calories « liquides » sont différentes de celles que l’on croque et mastique. « Dans la nature, les boissons sucrées ne font partie du paysage », explique le Dr Cocaul, médecin nutritionniste. Nos ancêtres n’ont jamais eu à disposition d’arbres à jus de fruits, ni de rivières de sodas. Ces calories liquides sont absorbées mais l’organisme n’en tient pas vraiment compte, il ne les reconnaît pas.

Surtout, avec « 25 litres de jus de fruits, 56 litres de sodas par an par personne », les boissons sucrées font partie des habitudes que la députée Valérie Boyer souhaite bousculer. Qu’il s’agisse de taxes faites pour « interpeller l’opinion publique » ou d’un « label nutritionnel » plus facile à interpréter, défend l’élue UMP dans un communiqué intitulé « La viande de cheval n’a jamais tué personne, (…) manger trop sucré tue chaque jour ».

A New York, le maire de la ville, s’est également attaqué au problème, en faisant interdire la vente de gobelets XXL (supérieurs à 1/2 litre !). Un juge lui a finalement donné tort il y a quelques jours, mais le revers essuyé par Michael Bloomberg aura réussi à attirer l’attention des médias du monde entier sur le lien entre sodas sucrés et lutte contre l’obésité. La même semaine, la fondation Bill et Melinda Gates enfonçait le clou en chiffrant à « 180 000 le nombre de décès dans le monde liés aux boissons sucrées ». Une « estimation » pondère le Dr Cocaul, car de toute évidence il ne s’agissait pas de 180 000 personnes « en bonne santé, sportives, non fumeuses, de poids normal, mangeant 5 fruits et légumes par jour… » assassinées par le sucre de leur sodas. Boire une cannette tous les 2 jours ne pose pas de problème, à tous les repas si.

A son tour, la France s’intéresse à la part du sucre dans le bilan calorique de la population. Mercredi 27 mars, les députés ont corrigé une situation hallucinante où « sodas et produits laitiers vendus dans les DOM TOM sont plus sucrés que ceux disponibles en métropole ». En Martinique, un Fanta à l’orange contient 14g de sucres ajoutés, contre moins de 10g à Paris. Un yaourt aux fruits de type Petit filou vendu sur la même île afficherait 27% de sucres en plus que son équivalent sur le continent… Comblés (gavés ?) au niveau gustatif, les insulaires sont aussi plus touchés par l’obésité et le surpoids et donc par le diabète et les maladies cardiovasculaires.

Au cours des 6 prochains mois, de manière progressive mais sûre, leur palais « s’habituera progressivement à ce nouveau goût », assure la députée de Guadeloupe, au bénéfice de leur santé.